(meira hunt) melting magnets

identité
Prénom(s), Nom : Meira, elle donne la lumière en hébreu, elle brille tellement qu'il aurait été dommage pour les parents d'en faire une unique princesse. Hunt, une tribu considérable mais unie, patronyme qui finira gravé sur sa sépulture.  

Age, lieu de naissance : cinq février, elle pousse son premier cri à l'aube, le premier d'une longue lignée au sein de cette petite ville, il y a de ça trente-deux ans.

Job, $$$ : Elle dépend de cette mosaïque disparate, de ces vastes étendues colorés et du vent frais de son Colorado natal qui ne cesse de la surprendre à chacun de ses treks. Guide de randonnée et de toutes ces activités qui ornent les différents parcours. Bien loin de toucher l'équivalent de la retraite militaire de son père, elle cajole une toute autre forme de richesse.

Statut civil, orientation : Elle ne s'est jamais véritablement posée la question concernant sa sexualité, peut-être parce qu'elle trouve dommage de se ranger dans des cases, ou par frustration d'avoir rencontré son alter-ego à un âge précoce. Peut-être qu'elle acceptera enfin l'une de ses demandes en mariage, un jour lointain, des chimères pour seules témoins.

A Slow River depuis : Toujours. des horizons explorés à foison et des milliers de kilomètres parcourus au compteur, mais c'est à ses racines qu'elle restera ancrée à vie.

Caractère : intrépide - altruiste - jovial - optimiste - bornée - rêveuse - caractérielle - susceptible - curieuse - impulsive - sociable - indépendante - dévouée - anxieuse - lunatique - intuitive.

informations

(Préambule) Elle a le sourire facile, cette petite, celui qui lui monte aux oreilles, quand vient s'ajouter à ses petits bras fébriles le poupon emmailloté dans sa laine. Elle baragouine sa fierté dans son langage abstrait quand le regard curieux de sa petite sœur rencontre le sien. Une nouvelle addition, une vie à quatre, puis à cinq, le sourire moins docile à l'annonce des deux nouveaux membres, et des « encore ? » rechignés avec désinvolture pour les trois derniers. Chez les Hunt, le ramdam est un onzième membre, les discordances sont fréquentes, les portes se claquent et les mômes sont parfois ingérables, mais ô combien sont-ils unis quand on les entend rire aux éclats, combien de traits affiche le mur de la cuisine et combien de fois maman et papa ont-ils pu compter sur leurs trois aînées pour protéger les petits derniers. Meira se plaint parfois de ce qu'elle appelle un rôle ingrat. Mais elle les aime, ces canailles. Ils sont son monde; son joyau à l'unisson. (Pause) L'adolescence. Elle frappe, à la manière d'un projectile qui viendrait s'éclater en plein palpitant, les états d'âme en émois. Meira rentre au lycée, souffle sa seizième bougie, un âge où l'insouciance se tourne en une drogue impalpable. Elle a besoin d'air, besoin de plus qu'une ambiance anxiogène. Elle a besoin de trouver ses marques, celles qui se répètent aux abords des feux de camps, des rêves pleins la tête. Elle troque les cours pour l'amour des montagnes, la théorie à la pratique. Elle se rebelle mais n'inquiète pas plus que ça ses parents, car elle préfère pousser ses limites à leur maximum plutôt que de les enfreindre. Puis, elle est libre, Meira. Elle sait qu'elle n'ira pas à la fac, puisqu'elle porte les murs en horreur. Elle a dix-huit ans et un diplôme en poche. L'oiseau quitte le nid, mais ne reste jamais très loin du téléphone. (Bohemian rhapsody) Meira travaille une année complète comme serveuse dans le café du coin dans l'optique de quitter slow river une première fois. C'est à bord d'un vieux van loué pour l'occasion avec sa meilleure amie qu'elle sillonne les routes et les nombreux motels du grand ouest pour finir sa route dans un coin paumée mais non moins chaleureux du Nevada. Son minois convaincant lui permet d'obtenir un petit extra dans un bar, chouchoutée par les rednecks du coin malgré ses vingt ans à peine entamés. C'est ainsi qu'elle le rencontre, pour la première fois. Angus. La guitare désaccordée, deux grammes d'alcool à chaque bras et la voix cassée, sur une petite scène improvisée pour attiser la courtisanerie de la première nana qui croiserait son regard. C'est ainsi, qu'elle finit la nuit dans sa chambre d'hôtel, celle d'après, à revisiter leurs classiques, et la dernière sous la nébuleuse à réviser leurs constellations. C'est ainsi, pendant cinq jours, qu'ils sont aimantés l'un à l'autre, qu'au sixième soir, elle s'empresse de composer ce numéro griffonné sur le papier qu'il lui avait préalablement laissé le matin même, avant de partir. C'est ainsi, épistolairement, qu'ils ne se lâchent plus. (Haïti) Meira retourne à Slow River, auprès des siens, et enchaîne les petits boulots au grand dam de ses parents, cependant confiants à son égard. Elle se laisse aller à sa vie de nomade durant presque deux ans, où elle s'arrange pour rejoindre quelquefois cet autre baroudeur par intermittence selon leurs disponibilités respectives. Les bonheurs sont nombreux, les instants sont précieux et intenses, quand ce duo, bien qu'indéfinissable, se réunit coupés du monde, vivant de cette adrénaline qu'ils convoitent tant. Mais la distance pèse sur la balance. Meira s'engage auprès de la croix rouge en tant que bénévole et s'envole pour la première fois de sa vie à Haïti quand le pays est ravagé par un tremblement de terre. Huit longs mois où elle se dévoue corps et âme auprès des autres, elle, qui en avait rêvé plus d'une fois malgré les circonstances, elle repousse ce manque atroce, celui de sa famille, celui de ses amis, celui d'Angus qu'elle refuse d'exposer au grand jour. Elle se souvient du retour à la vie normale, de ce jour à l'aéroport où son cœur avait manqué un battement. Le regard humide rencontre ceux remplis de fierté de ses parents. Son sourire s'élargit quand elle aperçoit la silhouette qui les accompagne. Ce grand fou, il était là, avec eux. Il l'a attendu. Mieux encore, il la rejoignait, chez elle. (ascension) Ce qui fut un temps un passe-temps se transforme en un véritable gagne-pain. Meira n'avait jamais songé un jour que ce paysage à la myriade de couleurs deviendrait son antre, mais c'est tout naturellement qu'elle s'est lancé dans l'aventure pour les touristes qui affluent à Slow River. La voilà, elle et son semblant de stabilité, jamais bien trop loin des siens, dans sa centième vie, à deux cette fois, voyageant aux confins du monde quand l'occasion s'y présente. Il faut croire que ses plans ne se composent pas des dessins traditionnels. Ils auront de quoi y penser, quand cette ferme abandonné désormais racheté sera officiellement leur petit nid douillet. C'est à quatre bras qu'ils se lancent dans la rénovation. Meira a presque trente ans et tout lui sourit. ou presque. (november 8th) Elle reste prostrée sur elle-même, l'angoisse pendant des heures pour seule compagnie. Foutue plaquette oubliée. Foutu champ de marguerite. Foutue idée d'Angus. Foutu positif. Contrairement à son ascendance, une famille nombreuse n'a jamais fait partie de ses plans. Une famille, la sienne, son enfant, tout du moins, pas tout de suite, peut-être jamais. Non. Meira ne pleure pas de joie; elle est tétanisée. Le sujet est tombé trois ou quatre fois sur le tapis en huit ans de vie commune, jamais entonné par la brune, toujours évité. Il lui a répété des dizaines de fois qu'elle serait la mère de ses enfants, comme il avait en tête de la prendre pour épouse à deux reprises, toujours éconduites. Peu importe les choix qui s'offrent à eux, elle sait qu'il respectera, non sans une pointe d'amertume. La liste des points négatifs s'allonge, mais avec étonnement, ce sont les points positifs qui priment. Elle comprend, malgré cette peur intarissable, qu'elle est peut-être prête, finalement. Prête à laisser une chance à cet enfant, à une vie à trois, à un amour décuplé, prête à le laisser gambader dans cette scène de couleurs en compagnie de ses cousins, prête pour partager cette noble liberté et non s'en priver. Dans la joie, la peur, l'angoisse, les rires, les larmes, ce huit novembre deux mille dix-huit, elle est arrivée, Daisy. (solstice) Un appel; un après. Le silence les a rendu sourds. Ils se lèvent aux aurores, un sourire crispé face à leur lumière commune, s'échangent quelques mots doux avant d'aller vaquer à leurs occupations respectives, comme si. Comme si l'ombre ne planait pas au dessus de leurs têtes, comme s'ils détenaient les pions en main, comme si cette journée n'avait pas eu lieu. Elle est là, éprise d'un fantôme, son fantôme, de cet homme qui passe des heures entières sur le chantier, à frapper comme s'il martelait ses propres démons. Elle est là, dans le lit conjugal, contaminée par ses insomnies. Ils se voient, mais personne ne s'entend. Il est là, mais son esprit y est resté. Et demain, ils recommenceront. "tout ira mieux". Aujourd'hui, c'est un hymne à l'amour.